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Une grand-mère, son petit-fils, et une ville, Barcelone, où vivent les deux premiers. Ils ne vivent pas dans la ville que le tourisme a dévastée, mais dans celle des quartiers, où se vit la vie ordinaire des gens. Grand-mère et petit-fils ont un rapport presque fusionnel. On pressent qu’ils ont toujours vécu ensemble, que la première a élevé le second, mais le temps est venu où les choses s’inversent, et le jeune Bruno est maintenant responsable du quotidien de la vieille Natividad. Bruno, pourtant, a l’âge où on a besoin de vivre sa vie. Il a ses amis, ses désirs, ses jeux, et la question se pose de savoir si la place de Natividad ne serait pas désormais dans une maison de retraite. Il faudra que l’idée fasse son chemin. A l’âge où on s’émancipe de la tutelle des adultes, Bruno est déjà responsable et ses problèmes d’émancipation ne sont pas ceux de la plupart des jeunes de son âge. Et son héritage est compliqué à vivre.
Voilà. L’argument de L'âge imminent est à la fois original et grave : comment les responsabilités s’inversent-elles entre les âges avec le passage du temps ? Il est traité non par un réalisateur, mais par un collectif de cinéastes catalans, Col.lectiu Vigila. Un groupe de six personnes qui se sont rencontrées à l’Université de communication audiovisuelle de Barcelone il y a peu d’années. Ils sont donc encore jeunes, et en phase avec la jeunesse de leur ville. L’une des qualités de leur film est de faire entrer le spectateur dans le quotidien de cette ville loin des clichés, en dressant le portrait d’une jeunesse métissée et en proie aux difficultés de l’existence d’aujourd’hui, avec sa précarité et sa recherche permanente de petits boulots.
Col.lectiu Vigila a le talent de raconter une histoire inscrite à la fois dans la réalité d’une relation entre deux personnes et dans une géographie saisie par des artistes qui la connaissent bien et savent l’exprimer. C’est ce que les auteurs expliquent eux-mêmes dans une note d’intention, qui soulignent les deux volets : d’une part, « nous avons voulu réfléchir à ce processus intime et difficile : comment s’occuper des personnes en perte d’autonomie ? », et d’autre part « il était également essentiel de mettre en lumière de nouvelles réalités de la société actuelle ». Il y dans L’âge imminent un manifeste social qui trouve son style. Et qui sait s’incarner dans la réalité d’un quartier. La Barcelone que nous avons sous les yeux ressemble dans son fonctionnement à beaucoup de villes, mais elle est captée dans la singularité de ses rues de quartier. On se dit que ces jeunes gens savent de quoi ils parlent.
Col.lectiu Vigila comprend Laura Corominas Espelt, Laura Serra Solé, Clara Serrano Llorens, Gerard Simo Gimeno, Ariadna Ulldemolins Abad et Pau Vall Capdet.
En salle le 12 mars