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Arts, cinéma, culture


RODOLPHE II, UN EMPEREUR A L'ECOLE DE LA NATURE

Publié le 22 Mars 2025, 10:23am

Paulus van Vianen Paysage de forêt

Rodolphe II (1552 – 1612) fut l’Empereur controversé d’une époque charnière, où la science progressait et faisait reculer des croyances et superstitions encore bien présentes. Il déplaça la capitale du Saint Empire germanique de Vienne à Prague, où il attira savants et artistes. Jugé par l’Histoire piètre politique, il fut un grand collectionneur d’art et d’instruments d’observation de la nature, et c’est par sa collection qu’il a gagné sa place dans la mémoire des hommes. De cette collection, que le temps a dispersée, le Musée du Louvre présente quelques pièces, dans une exposition modeste par sa taille mais passionnante par son contenu, la qualité des objets et ce qu’ils racontent, autour d’un thème fédérateur : « l’expérience de la nature ».

Cette expérience, elle est dans les peintures et les dessins, où s’exprime, de manière assez neuve, une observation fine et détaillée de la nature, avec Paulus van Vianen, exemple pour Roelandt Savery et Peter Stevens. Elle est aussi dans les pièces d’orfèvrerie des frères Miseroni, dont les vases de pierre dure exploitent avec bonheur les ressources offertes par la nature.

On la retrouve dans la minutie des dessins d’insectes, fruit d’une observation attentive qu’on peut apprécier dans les « Quatre éléments » de Joris Hoefnagel dont des pages sont présentées dans l’exposition. On

retrouve enfin l’expérience nouvelle de la nature dans les magnifiques instruments de mesure et d’observation du ciel, dans la salle de l’exposition qu’on peut trouver la plus fascinante et la plus révélatrice de l’époque de transformation qui est celle de Rodolphe, autour de 1600. L’Empereur a alors attiré à lui les deux hommes les plus importants de son temps pour l’étude des astres et des mouvements célestes, Ticho Brahé et Képler. Deux hommes qui révolutionnent la connaissance qu’on a du cosmos. On imagine les deux hommes, leurs instruments et leur table de calcul mathématique, avançant leurs pions de raisonnement au milieu d’une atmosphère qui reste imprégnée de recherches sur de mauvaises routes. Et on voit bien ici, c’est-à-dire dans l’exposition, les voies parallèles. On a reproché à Rodolphe son goût excessif pour l’ésotérisme. Mais c’est qu’on cherchait dans toutes les directions, et que l’obsession de la transmutation vers l’or restait une piste parmi d’autres, dont on peut rire aujourd’hui parce qu’on sait qu’elle était illusoire. Rodolphe regardait de tous les côtés à la fois, à la fois en avance et en retard.

Tout est dit, finalement : des pièces bien choisies, qu’on peut admirer pour elles-mêmes, et à travers elles un monde qui se révèle et se réveille. De cet Empereur sévèrement jugé, il reste finalement deux grandes œuvres : l’essor qu’il a donné à Prague et sa collection. On peut en tirer une conclusion pessimiste : le goût pour l’art et la science ne fait pas une bonne politique. On peut aussi penser qu’il sème pour l’avenir, et que ce n’est pas si mal…

L’expérience de la nature. Les arts à Prague sous Rodolphe II

Jusqu’au 30 juin 2025

Musée du Louvre Paris

 

 

Giovanni Ambrogio Miseroni Coupe : Venus et l'Amour

Giovanni Ambrogio Miseroni Coupe : Venus et l'Amour

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