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Arts, cinéma, culture


LA METAPHYSIQUE DU BERGER

Publié le 29 Juillet 2021, 17:41pm

Les plateaux du  Vercors sont bien beaux, et Michaël Bernadat sait les photographier. C’est là que Boris fait paître ses moutons, à la limite, parfois, du précipice. Situation dangereuse, au fond, dans laquelle le héros réel de ce documentaire semble aimer se placer, et qui rend sa vie peu confortable.

Cette vie, c’est pourtant lui qui l’a choisie, en toute conscience. Un peu philosophe par ses études, un peu poète selon les mots qu’il déclame en off, il a voulu, nous explique-t-il, une existence proche de la nature, loin des autres, aussi autosuffisante que possible. L’image que Michaël Bernadat a lui-même  signée nous ferait presque croire que son héros a fait le bon choix : ces paysages somptueux, cette exaltation des saisons ont de quoi titiller le citadin et lui donner des regrets.

Mais tout cela n’est que cinéma, et Boris lui-même s’était fait un film. La réalité le rattrape : cette vie-là est dure, et elle l’est d’autant plus qu’il a une compagne et qu’un bébé vient de naître. 

Le film a pris son temps : dix-huit mois de tournage, soit le temps de voir les saisons se succéder, bébé Armand grandir, et l’expérience mûrir. Il n’hésite pas lui-même à s’approcher du précipice  de la lassitude. Mais comment faire autrement, s’il faut suivre Boris dans ses rêves, ses tâtonnements, sa confrontation à l’implacable réalité, son adaptation à celle-ci ?

La mode est au cinéma sur l’agriculture et ses nouvelles formes. Ce n’est pas ce qu’il faut aller chercher dans La métaphysique du berger. On ira peut-être pour se donner le regret de n’être pas allé soi-même au bout de ses rêves, ou alors pour se féliciter de ne pas l’avoir fait, pour jouir de paysages âpres dans le confort de son fauteuil et même pour se prendre d’une grande sympathie pour la race trop pacifique des moutons. On ira désormais, sur arrière-plan de covid, pour se demander, comme le réalisateur avoue le faire lui-même, s’il n’est pas temps, pour que la société aille mieux, de redécouvrir la campagne et les savoir-faire qui lui sont liés, de s’interroger sur un rééquilibrage du territoire. Avec sans

doute moins de radicalité que n’en montre le Boris du début du film, plus de réalisme, mais avec l’idée que l’utopie a sa part de vérité, qui se dégage de la confrontation avec les faits.

La métaphysique du berger est le premier long métrage de Michaël Bernadat, homme à tout faire qui par ailleurs est aussi acteur, ingénieur du son et, qualité qui se manifeste avec éclat dans La métaphysique du berger, directeur de la photographie. Il avoue, à propos de ce film : « Quand je fais du cinéma, j’aime filmer de belles choses, et surtout de belles personnes ». On devine qu’il a vu en Boris quelqu’un qui portait une part de ses propres questionnements, et il a trouvé dans le Vercors des paysages de nature à assouvir son besoin d’images spectaculaires. 

 

En salle le 28 juillet

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