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Arts, cinéma, culture


BOURDELLE PAR SES OBJETS

Publié le 15 Avril 2024, 14:38pm

Le portrait d’un artiste à travers les objets qu’il gardait chez lui : c’est l’idée de l’exposition que le musée Bourdelle à Paris consacre au sculpteur de Montauban. Le musée est installé dans le lieu même où Bourdelle vivait et travaillait, à Montparnasse. Ses récents travaux de rénovation ont conduit l’équipe du musée à se pencher sur ce qui était resté chez le sculpteur à sa mort. Le bilan était assez riche pour donner l’envie de faire parler ces témoins matériels. Et voilà comment, au fil de l’exposition, se dessine un un artiste dans toute son humanité.
Au commencement, le père. Il était ébéniste. On retrouve chez le fils son établi, ses outils, un fauteuil néo-gothique sur lequel Bourdelle, des photos en attestent, aimait faire asseoir ses visiteurs, et même y faire poser des personnalités dont il réalisait le portrait.  On voit ainsi le fils dans le prolongement du père, travaillant comme lui la matière, mais aussi, expliquent les commissaires de l’exposition, apprenant de lui « l’importance de la structure, le sens de la construction, la subordination des détails à l’effet d’ensemble ».

On remonte aussi à l’origine de l’amour du sculpteur pour certaines bêtes. Il avait gardé chez lui la petite flûte de Pan de son grand-père chevrier, qu’on retrouve dans l’exposition. Son enfance fut pastorale, nous rappelle-t-on. Il a gardé les chèvres avec ce grand-père. Faut-il s’étonner, dès lors, de l’anecdote qu’on nous raconte : en vacances à Villard-de-Lans avec femme et enfant, il sauve de la mort un bélier qui s’attache à lui… Faut-il s’étonner de la présence de ces animaux dans sa sculpture, comme on nous le rappelle ici avec un Bélier au rocher et une « petite pastorale » où un jeune faune charme des chèvres ?

Le pays natal, le Quercy, est lui aussi resté présent toute la vie. Les objets l’attestent.  A commencer par des livres en occitan, dont ceux de son ami le poète Auguste Quercy. De l’harmonium trouvé chez lui, on dit qu’il l’accompagnait quand il chantait d’une voix forte de baryton des chants occitans. Il y en a des traces dans l’œuvre, tel ce groupe intitulé Les musiciens.  Son attachement pour la langue d’oc se révèle aussi dans des cahiers dans lesquels notamment il écrit des  poèmes.

Chez Bourdelle, aussi, des témoins de son travail. En particulier la lampe de mine et le marteau-piqueur qui lui ont servi à préparer le monument aux morts de Montceau-les-Mines. Son monument, qu’il a voulu hommage à la fois aux morts de la guerre et aux mineurs de la ville, en dit long sur son respect pour le travail et les travailleurs ; les outils qu’il n’avait pas jetés sont les témoins du soin avec lequel il s’était appliqué à sa commande.

La mémoire des objets

Jusqu’au 18 août 2024

18 rue Antoine-Bourdelle Paris 15è

Exposition gratuite

 

Dans le cadre de l’exposition, parmi les manifestations qui lui sont liées, à noter une journée d’étude sur « les artistes et leurs objets : une approche sensible et mémorielle », co-organisée par le musée Bourdelle, Paris Musées et le musée Delacroix, qui présente de son côté jusqu’au 10 juin une exposition consacrée à « Ingres et Delacroix. Objets d’artistes »

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