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Arts, cinéma, culture


WHISTLER AU MUSEE D'ORSAY

Publié le 12 Février 2022, 11:31am

En 1866, le peintre James McNeill Whistler (1843 – 1903) est allé en 1866, pour une sombre histoire de ventes d’armes, à Valparaiso. La ville était à feu et à sang. Le peintre en a ramené des toiles montrant un port à l’atmosphère paisible. L’une de ces toiles, Symphonie en gris et vert : l’Océan, est présentée jusqu’au 8 mai au musée d’Orsay, avec quatre autres, trois pastels et douze eaux-fortes provenant de la Fondation Frick de New-York. Elle est représentative de l’art et du caractère de Whistler, qui évitait soigneusement les interférences entre la vie et l’œuvre. C’est que cet homme-là aimait la peinture, et la prenait au sérieux. Il s’y est attaché avec l’obsession de lui faire rendre tout ce qu’elle pouvait, et ça méritait bien qu’on ne se laissât détourner par rien d’autre. Peut-on le lui reprocher ?  Son port de Valparaiso est une merveille de composition et d’harmonie.

 

En France, on a peu l’occasion de rencontrer ce peintre subtil. Le musée d’Orsay ne possède de lui, qui pourtant vécut à Paris, que trois peintures dont, par bonheur, deux chefs-d’œuvre : le portrait de la mère de l’artiste, acheté à lui-même par l’Etat, et un sublime Variations en violet et vert, fort heureusement acquis en 1995.  Mais c’est tout pour la France. C’est pourquoi on est heureux que quelques œuvres aient pu, à l’occasion de travaux à la Fondation Frick,  traverser l’Atlantique.

 

Que voit-on ? Trois grands portraits en pied. Le premier, Symphonie en couleur chair et rose : portrait de Mrs Frances Lyeland, frappe par son travail virtuose sur les nuances de rose, et retient par la simplicité apparente de la composition et la finesse du dessin. Cette Symphonie-là est cousine du tableau le plus connu de Whistler, La dame blanche, qui

Symphonie en gris et vert : l'Océan © The Frick Collection; photo: Joseph Coscia Jr.

avait eu en 1963 l’honneur de figurer au Salon des refusés, et se trouve aujourd’hui à la National Gallery de Washington. Les deux autres portraits de l’exposition travaillent les noirs, aussi bien  Arrangement en brun et noir : portrait  de Miss Rosa Corder que le fascinant Arrangement en noir et brun : comte Robert de Montesquiou-Fezensac. Dans ce dernier, le regard est un peu orienté, il est vrai, par l’anecdote : avant la qualité de la peinture on voit figure proustienne. Le peintre Whistler est toujours à la limite de ce qu’il peut demander aux nuances de couleurs, et il y a là une belle signature de sa personnalité. Il y a aussi, toujours, un métier solide.

 

Et puis, l’exposition présente, de Venise, des pastels pleins de sûreté et de maîtrise, et des eaux-fortes. Son ami Baudelaire avait un jour, dans une lettre au peintre, parlé de « ses merveilleuses eaux-fortes ». On peut ici vérifier que l’ami et critique d’art disait vrai.

 

On a donc peu de témoignages en France de l’art de Whistler, bien qu’il soit venu étudier  à Paris, qu’il y ait séjourné à diverses reprises, qu’il y ait subi de belles influences (Manet, Courbet),  qu’il y ait joui d’une considération qui lui valut la Légion d’honneur, et que des personnalités se soient fait portraiturer par lui. L’Américain Henry Clay Frick 1849-1919) a été plus gourmand qui, dans sa considérable collection d’art européen de la Renaissance à son temps, a aimé acheter ce compatriote contemporain reconnu en Europe. Bienvenus travaux qui nous permettent d’y goûter un peu !

 

James McNeill Whistler Chefs-d’œuvre de la Frick Collection, New-York

Paris Musée d’Orsay

Jusqu’au 8 mai 2022

 

 

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