AU PÔLE SUD AVEC LUC JACQUET

Qu’est-ce qui pousse vers les espaces froids et glacés du grand sud Luc Jacquet, le réalisateur du très remarqué « La marche de l’empereur » (2006), mais aussi de plusieurs autres documentaires sur ces régions ? C’est la question qu’il semble se poser à lui-même, et cette question est le fil conducteur prétexte à un nouveau film, Voyage au pôle sud, qui le conduit une nouvelle fois vers ces contrées qui l’aimantent. Prétexte à de superbes images qu’il a choisi de tourner en noir et blanc, et à un regard sensible.

Le voyage commence, pour le spectateur, dans les grandioses paysages des montagnes de Patagonie. Paysages déchiquetés, ne demandant déjà qu’à âtre hostiles, mais dont la beauté et la manière de la rendre coupent le souffle. Dernier contact avant les régions polaires, que l’on gagne avec précaution, avec la météo et ses aléas, avec la glace qu’il faut briser précautionneusement, avec les découverte des habitants des nouvelles terres, phoques, manchots, albatros. Toutes choses qui ne devraient pas surprendre, tant on les a vues en images fixes et animées.

Et pourtant, Voyage au pôle sud subjugue. Pourquoi ? La qualité des images, le parti-pris de Luc Jacquet, qui revendique l’approche subjective et artistique du sujet. Scientifique de formation, il a au fil des ans, et son expérience polaire y a beaucoup contribué, choisi de s’exprimer en artiste. Les images, les commentaires qui l’accompagnent, le regard résolument subjectif font appel à la sensibilité du spectateur.

A propos de son film, Luc Jacquet parle de vagabondage, et c’est bien de cela qu’il s’agit. Parti-pris efficace : le spectateur a l’impression, savamment cherchée et entretenue, de partir à l’aventure, de se laisser guider par les hasards du voyage, de partager des découvertes du moment. Le noir et blanc se révèle ouvrir mieux que la couleur la place à l’imagination, et il offre des nuances d’une beauté que seul il pouvait offrir. Les images de Christophe Graillot, Jérôme Bouvier et Sarah Del Ben servent admirablement ce dessein. Parmi les choses que Luc Jacquet est allé chercher si loin de nous, il y a cette beauté que nous n’avons pas su préserver ailleurs. Voyage au pôle sud est un subtil cri de colère,  et la mise en garde contre toutes nos atteintes à la beauté des paysages. C’est le film d’un poète

En salle le 20 décembre