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Arts, cinéma, culture


STANLEY KWAN LE ROMANTIQUE

Publié le 9 Avril 2024, 10:34am

Amours déchus

Alors que le Forum des Images, à Paris, dresse en 100 séances, jusqu’au 7 juillet, un portrait cinématographique de Hong-Kong, quatre films du Hong-Kongais Stanley Kwan ressortent en salle ce 10 avril. Occasion rare de s’intéresser à ce réalisateur né en 1957, et donc exactement de la génération du plus en vue des cinéastes chinois de son époque, Wong Kar-wai.

Est-ce, comme le suggère l’étiquette commune sous laquelle sont présentés ces films, « le romantisme made in Hong-Kong » ?, le romantisme qui relie ces quatre films ? On peut en trouver, si on veut, dans Amours déchus. C’est, en 1986,  le deuxième film de Stanley Kwan, et un faux polar. Il y a une belle assassinée, une enquête, des témoins. Mais l’enquête est menée nonchalamment par un policier atypique, et personne n’a l’air de s’y intéresser vraiment, pas plus le réalisateur que ses personnages. C’est donc que l’intérêt du film est ailleurs. Il est dans le portrait qu’il dresse d’une jeunesse de temps heureux où Hong-Kong respirait un air de liberté, et où ses jeunes générations pensaient, vivaient et espéraient à l’échelle du monde.  Cette ville-là nous touche d’autant plus que ses rêves et ses aspirations, romantiques ou pas, ont été brisés quelques années plus tard par la répression venue de Pékin.

Rouge

Rouge, un an après Amours déchus, impressionne par sa virtuosité. L’histoire est à dormir debout : on y voit errer une belle fantôme. Mais le grand talent de Stanley Kwan est de donner de la vraisemblance à cette histoire invraisemblable, de rendre émouvant un personnage auquel on devrait ne pas croire, et de retenir l’attention jusqu’à la fin. Est-ce que cette efficacité a à voir avec l’aller-retour incessant entre deux époques, celle du Hong-Kong des années 80 et celle qui, cinquante ans plus tôt, voyait encore prospérer les maisons de rendez-vous ? Cette navigation entre deux périodes aussi bien vues l’une que l’autre n’est pas l’un des moindres charmes du film, dont il faut ajouter, enfin, qu’il est terriblement romantique.

Avec Center stage (1991), Stanley Kwan joue une nouvelle fois à se promener entre deux époques, avec un argument simple : un réalisateur de 1990, qui ne peut être que Stanley Kwan, tourne un film sur une étoile filante du cinéma des années 20-30, Ruan Kingyu, qui s’est suicidée à 25 ans. Film enquête sur un personnage cerné à travers des bouts de films, des images d’archives, des témoignages, pour faire revivre une actrice attachante et énigmatique, sous les traits d’une vedette des années 90, la belle Maggie Cheung. L’inoubliable interprète de In the mood for love est ici assez convaincante pour que le jury de la Berlinale 1992 lui ait décerné son prix de la meilleure interprète.

Lan Yu, enfin (2001).  Homosexuel,  Stanley Kwan met en scène des amours entre deux hommes. Les amours homosexuelles saturent aujourd’hui l’espace cinématographique. Ce n’était pas encore le cas il y a un quart de siècle, même si on les y rencontrait. Stanley Kwan, dans cet exercice, reste ce qu’il est dans les autres, élégant et sensible dans le ton, la narration et les images. Et, au fond, romantique.

 

En salle le 10 avril

STANLEY KWAN LE ROMANTIQUE
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